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Le pont du Gars
22 octobre 2018

Le non-recours des jeunes adultes à l’aide publique en France

La notion de non-recours apparaît pour la première fois durant les années 1970 avant d’émerger comme problème public au cours des années 1990. Après la forte médiatisation de l’enquête sur le non-recours au revenu de solidarité active (RSA), la lutte contre le non-recours devient en 2013 le premier axe du plan pluriannuel de lutte contre la pauvreté et pour l’inclusion sociale. Par rapport à d’autres pays, comme le Royaume-Uni, l’Allemagne ou les Pays-Bas, cette prise en compte publique du non-recours est relativement récente en France et s’inscrit dans un processus encore incertain. Dans le champ des politiques de jeunesse, l’intérêt pour le non-recours semble plus récent et plus fragile encore. Sous l’effet des inquiétudes politiques autour de la catégorie des jeunes qui ne sont ni en emploi, ni en formation, ni dans le système scolaire), et sous l’impulsion des travaux du Conseil économique social et environnemental (CESE), le non-recours des jeunes adultes à l’aide publique apparaît aujourd’hui comme un problème public. La question du non-recours des jeunes adultes à l’aide publique est longtemps restée dans l’angle mort du champ de vision des pouvoirs publics dont l’attention se porte davantage vers les bénéficiaires des dispositifs, notamment lorsqu’il s’agit d’évaluer les effets des mesures politiques sur les parcours d’insertion sociale et professionnelle des jeunes adultes. Mais si la question du non-recours des jeunes adultes à l’aide publique fait l’objet d’une reconnaissance tardive, elle renvoie toutefois à des préoccupations anciennes autour des publics « absents », « invisibles », « marginaux », « inadaptés », etc. De façon générale, les enfants et les jeunes qui restent à la marge des dispositifs et qui échappent à la vigilance de l’État, suscitent depuis longtemps de vives inquiétudes politiques et morales, comme le démontrent les travaux sur l’« enfance anormale », sur « l’absentéisme », sur la « déscolarisation », sur le « décrochage », sur la « galère » et sur les « difficultés d’insertion professionnelle », ou bien encore les travaux portant sur la catégorie des « jeunes en errance ». L’analyse des réponses publiques mises en œuvre montre bien souvent que la question qui préoccupe les pouvoirs publics est moins celle du non-recours ou du non-accès des jeunes aux droits sociaux que celle du placement et du contrôle des individus dans les espaces sociaux. La construction de risques sociaux associés au fait que les jeunes échappent au contrôle des structures sociales et des pouvoirs publics – et puissent ne pas être là où ils sont attendus – est en réalité consubstantielle des formes générales et spécifiques d’encadrement de la jeunesse. Les préoccupations politiques et morales associées à ces risques ont d’ailleurs bien plus souvent porté sur les jeunes issus de milieux populaires.

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